mardi 27 décembre 2011

My name is Patty

Autre moment vécu. Ou comment se faire brancher par une quinquagénaire sans complexe...

Au feutre noir fin et gros feutres noir et gris

Scène de la vie de camping

Il arrive qu'on soit parfois le témoin de la vie gastrique de nos congénaires... Un vrai moment vécu un matin d'aout quelque part dans un camping de la cote ouest américaine...


 Au feutre noir fin et gros feutre gris

jeudi 24 novembre 2011

mardi 15 novembre 2011

Singin' in the rain

Au pastel gras
Extrait de Chantons sous la pluie, avec, notamment, Cyd Charisse et Gene Kelly

samedi 5 novembre 2011

Tapi dans la cave...

A la gouache, illustration pour double page sur le thème de la peur

Visage

A l'aquarelle

jeudi 27 octobre 2011

Totem parisien

(Feutre noir fin et gros feutre gris - recherche pour un projet sur l'envers du décor parisien)

Balles de jonglage


(Au crayon de couleur aquarellable)

vendredi 21 octobre 2011

Just Married


Pour un mariage un peu spécial ! 
(Crayon puis photoshop)

mercredi 19 octobre 2011

Ombres d'octobre


(Feutre fin et gros feutre)

mardi 18 octobre 2011

Souvenirs vietnamiens

 
(Aquarelle et feutre noir)

dimanche 16 octobre 2011

BD - Premiere tentative !

Ébauche pour un projet scolaire (scénario imposé)... A affiner si accepté...  Et à suivre aussi donc si ça marche ! (Dessin au feutre fin puis photoshop)

mercredi 5 octobre 2011

Paris en papier couleur



(Feutre noir fin et crayon de couleur blanc sur papier coloré)

jeudi 29 septembre 2011

Croquis americains


Affiche réunissant des croquis réalisés au cours d'un voyage au long cour aux Etats Unis.

mardi 27 septembre 2011

L'Amérique est passée...

Voici synthétisés deux mois et demis de vadrouille américaine (et un peu canadienne), en voiture, en bus, en train, en vélo, en bateau et à pied aussi...

Tous les lieux où la lune s'est montrée sont indiqués, plus quelques autres ou je n'ai fais que passer, en italique.

mercredi 21 septembre 2011

New York - New York

Il est 18h45, le train s'engouffre dans le tunnel qui mène à Penn Station, au cœur de Manhattan. Les hauts parleurs distillent les premières notes de New York New York par Lisa Minnelli. Fantaisie de l'équipage qui me convient plutôt bien, comme un écho à mon périple. La boucle est bouclée. Je prends pour moi cet hommage ! Merci New York  !

Mais sur le trottoir de la 34 eme rue, personne ne m'attend. Sur mon vélo remonté, au loin 72 rues a remonter, pour atteindre la 106 eme. Une jungle, entre les taxis par centaines, les nids de poules profonds comme des trous d'obus, les livreurs de pizza en sens inverse, les rues sombres, les klaxons, les passants au téléphone, moi tout petit, mon casque et mon gilet fluo. Non, finalement pas d'hommage !

Mais il faut parfois attendre un peu sa récompense et le sort vous charge de vous la livrer, en quelque sorte...

Hier après midi, alors que je flâne sur Broadway, j'apprends que l'un de mes auteurs de Bande Dessinée préférés, Craig Thompson, est justement de passage le soir dans la librairie où je me trouve, en dédicace, a l'occasion de la sortie de son nouveau bookin. Je suis comme une groupie la fin d'après-midi... Mince, Craig Thompson ! Ça alors ! Petite conférence, dédicace et même discussion. Il connaît bien la France, y sera en octobre, me dit à bientôt ! J'espère que je ne  lui ai pas dis de conneries de mon coté...

Ce bouquet final me convient, une signature sur un livre, pour dire salut et à la prochaine ! Demain je retrouve compagnie amicale, familiale, amoureuse avec la satisfaction d'avoir mené à bien une idée et d'avoir fait en sorte qu'elle se produise, et plutôt bien.

Le voyage infusera sans doute encore longtemps, par saveurs, rêves ou couleurs, sans que je sache encore précisément quoi en retirer pour le moment. Le poète a dit : "on ne fait pas un voyage, c'est le voyage qui vous fait" Quoi ? Il faut rentrer pour le savoir.


PS : Le blog lui ne s'arrête pas !

dimanche 18 septembre 2011

Un train pour l'Atlantique

J'ai vu le Montana

Sur la plaine herbeuse et jaunie à l'infini du Montana, le train numéro 8 pour Chicago trimballe sa lourde carcasse branlante.


A l'intérieur, le wagon bar accueille le troisième âge joueur de carte, rouge à lèvre et brushing impeccable pour ces dames, bretelles et casquettes pour ces messieurs. Le parcours qui mène au wagon restaurant, via mon siège, est semé d'embûches. L'estomac de la bête ferroviaire est parcouru de ballonnements soudain qui vous projettent contre sa paroi. La tête renversée, les pieds retournés, une couverture par dessus, quelques passagers tentent d'ignorer les remontées gastriques de l'animal.. D'autres en bravent les aigreurs, se ravitaillent en vivres, regardent comment c'est dehors.


Sur les bas cotés, quelques artefacts viennent parfois saluer le convoi, un arbre ébouriffé, une maison isolée, quelques meules de foins. Des rubans d'asphalte craquelés par le soleil viennent en lécher la voie, des rivières terreuses en chatouiller le cour. Un silo, des vaches puis rien. Des marais aux abords griffés de sel, des poteaux télégraphiques au loin, puis rien. Au cœur des grandes plaines, le train numéro 8 trace sa route



Le wagon bar s'ouvre sur les cotés et au dessus. Une goutte de thé a jaillit sur ma table. Le conducteur annonce Wolfpoint, Montana. Wolfpoint, 10 minutes d'arrêt ! Mais pas un loup sur la plaine ou le pachyderme métallique et ses occupants s'accordent une bouffée d'air.


Plus que 24 heures. Suivront le Dakota du nord, le Minnesota, le Wisconsin et enfin l'Illinois




Un week end à Chicago

Je suis arrivé vendredi soir exténué. J'avais dormi deux heures la nuit d'avant. Les sièges sont plus confortables que ceux des TGV (plus de place) et j'avais même réussi à occuper durablement le siège a coté de moi. Mais à deux heures du matin dans la nuit de jeudi soir, alors que je venais de passer 4 heures à me plier en quatre pour trouver ma position, j'étais délogé de mon deuxième siège par un arrivage massif de passagers, sortis de nulle part. Manque de pot, je me retrouvais avec le plus gros du lot, bien 150 kilos au réveil... Je crois qu'il a compris qu'il me dérangeait...

Si je devais trouver une autre ville où habiter après Portland, ce serait certainement Chicago. J'ai passé un long moment au Art Institute of Chicago à déambuler entre les Van Gogh, Monet, Matisse, Picasso, la peinture américaine du XXeme, une collection incroyable d'estampes japonaise... Bref tout y passe ! Ça m'a bien pris trois heures.

Millenium Park à la sortie du musée est pas mal dans son genre, tout un tas d'aménagements inventifs, de la nature sauvage au milieu des grattes ciel. De ce point de vue, Chicago n'a d'ailleurs rien à envier à New York.

J'ai terminé la journée par un concert excentré, à l'occasion du festival de musique du monde de la ville, information glanée au hasard le matin même. Je me retrouvais donc au Old Town School of Folk Music, au 4544 Lincoln Avenue, à faire un voyage musical vers l'Afrique, en compagnie de Ballaké Sissoko à la kora et de Vincent Segal, un français, au violoncelle africanisant.

A minuit je reprenais le métro, downtown Chicago en ligne de mire, des mélodies lointaines dans les oreilles, des couleurs plein la tête.

Juste de quoi rêvasser pour le trajet qui ce soir s'annonce sur les coups de 21h30. 20 heures de voyage, un autre combat stratégique pour l'occupation de mon deuxième siège en perspective.

mercredi 14 septembre 2011

Coup de boule sur le green

Nice Shot !

Kelly avait ce week-end un tournoi de golf. Je lui ai proposé d'être son caddy, le type qui porte le sac et donne des conseils, normalement.

Samedi midi, je me retrouvais donc sur le parcours de golf de Chilliwack, parmi 150 dames, en bermudas, polos et casquettes, sous le soleil chaud de septembre, 33 degrés au thermomètre. Courtoisie, silence et contemplation de rigueur ! Je me suis pris au jeu, et je crois que ça l'a aidé à se concentrer ou se décontracter, c'est selon.  Elle a super bien joué au final !

N'empêche que 5 heures à déambuler en poussant un sac sous cette chaleur, ça fatigue un peu malgré tout. J'étais content de voir arriver le trou numéro 18. "He, nice shot Kelly !". Rocky m'avait conseillé de surtout rester positif en toute occasion... Même quand elle rate. Au trou numéro 11, le joueur qui mettait la balle en un coup pouvait gagner 25 000 dollars... Avant de tirer, Kelly me promet que si elle le fait, j'aurai droit à 10% ! OK ! Au moment de son coup, j'ai eu, deux secondes, la vision d'un joli chèque. Personne sur les 150 participantes n'a évidemment réussi ce miracle.

Alors que j'étais là à me délecter d'un après midi en lenteur parmi une gent féminine tout ce qu'il y a de plus respectueux des bonnes mœurs de la société golfeuse, une toute autre ambiance devait m'attendre le soir...

Come on ! Hit the face !

Ce devait être une surprise que Rocky et Dave, les frangins de Butch devaient me faire. A plusieurs reprises, le jour d'avant, Butch et Kelly ont tenté de m'avertir de ce qui m'attendait... Très vite, Rocky leur a fait promettre de ne rien me dire. J'ai eu toutefois droit à un avertissement de Kelly : "je voulais juste te dire qu'ils ne sont pas de ma famille, mais de la famille de mon mari ! Je n'ai rien  à voir avec tout ça !" Intrigant... Inquiétant ?

Rocky a fini par cracher le morceau. Il m'avait pris un billet pour le tournoi de boxe annuel du syndicat des gardiens de prison.

Comme ça, on ne sait pas trop quoi répondre sur le moment. Merci ? Super ? Ah bon ? Ou alors on ne répond pas et on ouvre la bouche bêtement. J'ai fini par me dire que ce serait un truc intéressant à vivre. Ça n'arrive pas tous les jours de côtoyer des gardiens de prison. Encore moins des gardiens de prison qui se tapent sur la tronche pour le plaisir.

En arrivant au gymnase loué pour l'occasion, je me retrouve, moi, épais comme un sandwich scnf, parmi des mecs faisant deux fois mon poids, tatouages, nénettes en mini-jupe et décolleté jusqu'au nombril, au bras. Il y a aussi des femmes gardiennes de prison. Dave me présente Charity (ça ne s'invente pas), petite nana souriante, joviale, grands yeux bleus, mariées, deux enfants.
- Tu fais quoi alors à la prison ?
- Oh, je suis sur les corridors avec une carabine et je suis chargée de les surveiller pendant les pauses. S'il y en a un qui tente de s'échapper, on a ordre de tirer pour tuer. Et toi tu fais quoi  ?
- Aaah, euh.. bhaa.. l'écologie, tout ça, le vélo. Hum..."

En rentrant dans le gymnase, une affichette indique qu'un gamin de trois ans s'est fait kidnappé par un sale type dont on voit la photo. Dave me confit :
- A tous les coups, tu va voir que celui ci on va se le récupérer !
- Ah, et c'est quoi ton secteur ?
- Les délinquants sexuels.
-Ah.
Et il enchaine : "on se remet une bière ?". "Ouai, bonne idée ! (ne vous inquiétez pas, ils ont retrouvé le gamin sain et sauf depuis !

Il a plutôt une approche saine du boulot. Son conseil aux jeunes en arrivant : vous n'êtes pas payés pour les haïr, juste pour que tout se passe correctement pendant leur séjour... Prison de haute sécurité mais le boulot est bien payé, plein de jours de congés, des bonnes conditions de travail. Et l'impression d'être utile j'imagine. En tout cas, il m'assure qu'une fois passé les portes de la prison le soir, il efface tout et laisse ça de coté. Il attribue ça au bénéfice de l'âge. Et il n'est pas sûr que les jeunes en soient capables, trop teigneux à son goût avec les prisonniers.

A deux rangs du ring, les gars se mettent de vrais bourre pifs. Deux KO, un nez qui saigne, des embrassades à la fin. A chaque round (trois de trois minutes chacun), une nana gardienne s'est portée volontaire pour porter talons aiguille, jupette noire ras les fesses, guêpière violette avec seins à l'horizontal, et montrer les panneaux. Ça siffle dans la salle. Rocky n'en revient pas que celle là soit gaulée comme ca. "On dirait pas derrière l'uniforme et la casquette ! Cette soirée est trop cool !" Les fonds de la soirée iront à l'équipe de hockey de la prison. 

Je suis bien rentré dans l'ambiance en fait ! En descendant du ring, l'un des gars part de notre coté, une masse, des jambes comme des poteaux, le bide en avant, des tatouages sur les bras, le crâne rasé, je lui tends le poing pour le féliciter. Plus loin, un type porte un t-shirt " I love my mom". J'encourage un jeune gars, Buckels,  pote de Dave, qui fait deux fois moins la taille de son adversaire, qui se prend une méchante raclée. Mais qui a l'air content d'avoir participé.

Quelques jolis coups sur le green, quelques jolis swings sur le ring. Une journée ordinaire quoi.

Le lendemain, je me réveille avec un mal de crâne pas possible, fatigué Je passe la journée à comater dans le jardin, sur une chaise longue, le chat sur les genoux, complètement naze. Sans doute un contre-coup de la chaleur du samedi et de mon boulot de caddy. Je me demande si Buckels aussi a mal au crâne.

vendredi 9 septembre 2011

Ma becane au Canada

Le vélo c'est fini

Les iles San Juan auront été mon dernier lieu de découverte cycliste, l'un des plus agréables.  En arrivant dimanche après midi à Victoria sur l'ile de Vancouver, je me suis rendu compte que cette partie du voyage était derrière moi. J'en avais assez vu. J'avais assez donné aussi, 1200 km au compteur. Du coup, je n'ai fait que passer en coup de vent sur cette grande ile, puisque j'ai repris le lendemain midi le ferry pour Vancouver... Un détour pour pas grand chose!

Vancouver découvert

Sur les trottoirs de Granville Street, au cœur de Vancouver, j'esquive d'un sourire les mains tendues des vagabonds juvéniles et les truffes de leurs chiens. Une foule bigarrée se meut aux quatre coins, au passage des boutiques de tatoueurs, des pizzas bon marché, des vieilles salles de concert et théâtres, des bars branchés. A Vancouver, les filles sont fort peu couvertes, une braguette et un bouton donnent à leurs culottes des allures de short, partout les jambes sont longues et les épaules lumineuses. Sur les plages estivales de la ville, une foule hédoniste s'alanguit. Des bikinis font du roller devant ma roue de vélo au ralenti. L'été traine en longueur ! Ce n'est pas pour me déplaire. Je n'ai pas eu de journée de pluie depuis deux mois.

A l'angle d'une rue, des jeunes cadres dynamiques se font un lunch un peu contracté sur fond de gratte ciel financier. Hasting Street, au tournant, et des vapeurs d'alcool frelaté me prennent les narines. Des groupes de sans abris, dépenaillés, béquilles et fauteuils roulant, assis par terre, conversent et échangent... La police veille. Dans les contre-allées de fils électriques, se trament des affaires auxquelles je jette un regard lointain. Un peu plus loin, sur les rivages hérissés de tours de Vancouver, restaurant de sushi, immeubles en métal et verre et jardins bien entretenus donne un air asiatique au rivage.

Vancouver fait se côtoyer tout ça mais ne mélange pas. Punks, cadres, minettes, clochards, blancs, hispaniques, asiatiques. Tous ensemble, chacun avec soit.

L'auberge solitaire

A l'auberge de jeunesse règne une drôle d'ambiance, comme depuis le départ dans ce genre d'endroit. Personne ne se parle, chacun reste dans son coin, caché derrière son ordinateur ou son téléphone. C'est comme si chacun se protégeait de la promiscuité. Sans doute est-ce logique après tout. Je fais pareil du coup ! Dans la chambre de quatre ou je suis, pas de bonjour, pas d'au revoir, juste l'odeur de fauve et les ronflements. L'immeuble a des allures de vieil hôtel, long couloir avec moquettes brunes, tapisserie jaune ou jaunie, vieux fauteuils usés, escaliers qui grincent et portes qui couinent. C'est plus chaleureux en campant !

Vers 16h, mardi, je me pose sur une pelouse et je me demande comment c'est Paris. Je m'imagine raccourcir le temps, je pense au trajet accompli. Deux mois, encore 15 jours. La ville vous ramène à votre condition de touriste, plus futile et passive, fatigante, alors que le déplacement vous met dans celle de voyageur, plus active.

Un golf, une bière et des frangins

Heureusement, à midi, ce jeudi, Butch m'attend pour m'amener faire un tour chez lui et Kelly, des amis de mes parents, à la campagne,  pas loin, à 130 km dans la vallée, au bord des montagnes. A 16h, me voila embarqué dans une partie de golf, des clubs à la main, 4 heures durant, les montagnes pour décors, le gazon comme chemin, Butch et Rocky, son frangin, comme copains. De chouettes coups, quelques galères dans les buissons et des bières. Ah ! Ca fait du bien de se laisser porter !  

samedi 3 septembre 2011

Peace, Love and San Juan

Vous ne ferriez pas le voyage exprès jusqu'ici, mais si vous êtes dans la région, un détour par les îles San Juan est de rigueur. Éparpillées entre le continent et l'ile de Vancouver, elles sont une respiration dans le gigantisme américain. Rien que de petits paysages aux abords du Puget Sound, ce gigantesque estuaire aux allures de fjord, ponctué par les monts de l'Olympic National Park au sud-ouest, le Mont Rainier au sud est et la chaîne des Cascades à l'est.

Sur les petits routes champêtre de San Juan mon vélo se repose de tous les efforts accomplis. Le soir au coin de la tente, le soleil s'offre en spectacle. Face à Victoria au loin, la discussion bat son plein. Al est un floridien d'une soixantaine d'année venu se délecter en vélo des îles pour une semaine. Il est venu en train de Boston ! Jerry et Juddy sont un couple de retraités de Los Angeles. Sur la petite plage de graviers nous contemplons ensemble le couché du soleil. Je leur raconte mon périple. Lui est un ancien joueur universitaire de baseball. Aucun des deux n'aime vraiment vivre à Los Angeles. Parker a  quant à lui pris l'avion de Phœnix avec son vélo, le même que le mien. Il se donne deux mois pour rejoindre la Californie.
Au village, la boulangerie sert les meilleurs cookies que j'ai jamais mangé. La serveuse, Louise, jeune fille d'à peine 20 ans, part samedi pour l'Europe, Rome, Paris, le chemin de Compostelle. Elle se donne deux mois et demis. Quand je le lui laisse mon e-mail pour qu'elle me contacte sur Paris, elle n'en revient pas, ses yeux pétillent. Mais je sais désormais le plaisir de pouvoir être aidé en voyage.

Buck approche les 70 ans. Il répare les vélos à Friday Harbor. Il y a bien longtemps, il a fait un bout de la France en vélo, l'Alsace, la Loire, la Normandie, puis la Belgique, l'Allemagne. Je pense avoir réussit à percevoir les nuances de culture me confit-il, son regard bleu et ridé dans le vague.

Chaque île semble avoir sa boutique bio. J'ai même trouvé du saucisson bio ! Et pas des plus mauvais ! A Lopez, une version encore plus relax que l'ile principale, un type a planté des vignes et fait son propre vin. Au café de chez Isabel, au village, un panneau indique : "No shoes, no shirt, no skirt. No problem". Vous pouvez achetez du chocolat dont 30% du prix va à la sauvegarde des animaux protégés du coin. Le thé vient de l'île d'à coté. Le poste de musique murmure de la guitare oud marocaine. J'y retrouve le gardien du camping, Charlie, la trentaine, un béret, une barbe noire de trappeur de 25 cm de long.

Il y a 20 ans, les îles sont devenues la proie des millionnaires informatiques du continent. Le co fondateur de Mircosoft y a acheté toute une péninsule, avec barrières, gardes et cameras. Personne ne peut le blairer. Les gens riches s'ennuient et sont ennuyeux. Résultat, un acre (0,4 ha) valait 600 dollars en 1990, il en vaut aujourd'hui 100 000... Il est bien difficile de trouver des accès publics au rivage, et chaque sentier dont vous pensez qu'il vous mènera à la mer vous arrête par un "Private property. No Tresspassing". Mais Charlie est bien d'accord. "It sucks"

Quant à moi, je reprends le ferry demain matin à 6h55 pour Victoria. Et j'ai trouvé grâce à Al de quoi rendre la fin du voyage excitante : Je vais repartir sur New York en train, via Chicago. Avec un petit Seattle-Chicago en 45 heures puis un Chicago-New York en 20 heures. Ça doit être étonnant, 45 heures dans un train !

mercredi 31 août 2011

Une maison a Seattle

Les longs voyages peuvent donner l'impression d'errances. En tout cas, ce sentiment vous envahit parfois. Qu'est-ce que je fais là. Qu'est-ce que je cherche. Hier sur les bords du lac Washington à Seattle, une furieuse envie de dormir m'a pris alors que je longeais doucement les rives en vélo. Je me suis arrêté sous un arbre et j'ai dormi. Quelques kilomètres plus loin, alors que j'avais atteint le but de ma promenade, je me retrouvai à trainer les pieds dans l'eau. J'avais comme une envie de me baigner, sans trop en être sûr. Mais quoi ! Je serais las d'être en voyage ? 

Mon périple cycliste de la semaine dernière m'avait épuisé. En arrivant samedi midi à Seattle, j'étais ravis de me poser pendant quelques jours. J'ai été accompagné vers mon lieu de repos par des orques et par le Mont Rainier. Pas mal comme récompense !



Surtout, j'ai eu le plaisir de passer ces journées et ces nuits dans une vraie maison. Qu'elle soit habitée par des européens n'en a été que plus plaisant, ne serait-ce que pour mettre en perspective tout ce qui a été accumulé. Veronika et Thomas sont établis ici depuis plus de 20 ans, l'une autrichienne, l'autre allemand, et grâce à la mère de B., m'ont permis de profiter d'une compagnie et d'un confort bien plaisant et bienvenu. 


Les zones résidentielles à l'américaine - les fameuses allées boisées avec maisons en bois - sont aussi ultra reposantes dans le genre. Vous sentez que tout le monde prend soin de ne pas faire de vagues, que tout soit paisible, sans désordre aucun.

J'ai donc beaucoup fait la sieste. Je me suis aussi assis à la terrasse des cafés de la 15eme avenue non loin de la maison, un bouquin à la main, un thé "tchai" ou une limonade dans l'autre (j'ai découvert les deux ici aux États-Unis!). Je me suis assis sur l'herbe devant le port, au bas de Pine Street, j'ai tourné dans Pike Place Market, un marché plus fourni en fruits, légumes, poissons que ceux que j'avais vu jusqu'alors mais avec toujours autant de trucs et machins artisanaux plus ou moins réussis. J'ai cherché comme un passe-temps boutique de bouquin et magasins de disques. J'ai profité de la ville, plus grande que Portland, mais toujours avec cette espèce de lenteur ambiante. J'ai fini pas reprendre le vélo bien que le relief de Seattle n'ait rien à envier aux collines de San Francisco, vous faisant passer la côte de Belleville pour un gentil faux-plat montant.
 
Mais quand vous êtes seul en voyage, mieux vaut être en mouvement. Alors maintenant que j'ai bien dormi, et que tel un coq en pâte, j'ai bien profité de mon séjour sous le toit accueillant et vivant de V et Th., je suis content de repartir en ballade.


Demain matin, à 7h, je prends le ferry pour les îles San Juan. Je ne verrais pas le Montana.  A peine un regret. C'eut été un tout autre voyage, avec ses spasmes et ses contrariétés (des heures de bus  à s'inquiéter pour son vélo, des kilomètres à se demander où prendre l'avion). Je préfère garder celui-ci fluide. Quoi de mieux que d'aller sur des îles en bateau du coup ? De San Juan, je rejoindrais Victoria sur l'île de Vancouver, puis Vancouver,  la ville. Trois semaines devant moi, tellement long. Tellement court.

vendredi 26 août 2011

100km pour un hotdog

Ça a du bon le vélo sur les petites routes champêtre de l'été du Washington. C'est ça le truc avec le vélo, vous n'êtes pas spectateur, vous êtes dans le paysage. Toutes les odeurs vous parviennent, tous les sons vous sont clairs, tout votre corps est en interaction avec les éléments et le milieux. En plus vous devenez expert de l'anatomie des animaux locaux dont les voitures ont pris soin de vous exposer quelque spécimen sur votre piste à vous - l'opossum semble mieux résister aux chocs que le blaireau...

Et puis ce pays est incroyable. Imaginez vous pédaler tranquillement le mollet un peu lourd en Normandie, son bocage, ses vaches etc. et d' un seul coup sans prévenir au détour d'un chemin. Bam ! Le Mont Blanc. Bon, j'exagère un peu mais c'est l'impression que ça m'a fait le mont St Hélène comme ça au beau milieu des près, tout enneigé (à 50 bornes quand même).

On m'a dit du Nord-Ouest des États-Unis qu'il n'y avait que deux saisons, l'hiver et juillet. Cette année j'ai de la chance c'est août.

Mais il y a tout de même des limites au delà desquelles vous vous fermez au paysage. Votre roue avant devient votre point de mire, le bitume votre horizon, le cliquetis des vitesses a remplacé le gazouillis des oiseaux. 100 km constituent ce genre de limite. Après coup et malgré une certaine fierté, j'ai des doutes sur l'intérêt de la chose outre la nécessite ou la quête de performance. A vrai dire, c'est une distance assez commune chez les cyclistes que j'ai pu croisés. Emmet m'a raconté avoir rencontré une nana, tri-athlète à ses heures perdues qui faisaient des étapes de 180km. J'ai comme un doute sur la santé mentale de certains, mais je ne voudrai pas paraître obtus ! Bref, 87km mardi, 100km aujourd'hui. Ça, c'est fait. Retour de bâton aujourd'hui, je n'ai pas réussi à faire plus de 45... Plus rien dans les guiboles.

J'ai aussi fait deux rencontres toutes les deux bienveillantes dans leur genre. Lorsqu'hier je suis arrivé à Elma avec 102 km au compteur, j'ai comme eu une envie de me récompenser et suis donc allé au motel du coin, un peu vieillot dans son genre, tenu par une femme originaire des Samoa. Avec mon t-shirt portant la marque de mon visage façon Forest Gump et mes mèches de cheveux collées à la sueur séchée de mon front, j'ai du lui faire de la peine, elle m'a fait une réduc' et m'a offert de me faire griller un hotdog, auquel elle a ajouté deux oranges et deux yaourts. Je crois qu'elle se sentait un peu seule. Elle avait perdu son mari en septembre, voulait vendre pour rejoindre sa fille de l'autre côté en Virginie.

Patty le midi au resto-bar de Centralia, j'ai pas trop cherché la conversation. Blonde, la cinquantaine maquillée et le mini-short en jean, elle m'a d'abord demandé, en roulant des yeux, de dire "please" au serveur à qui je demandais de remplir mes bidons, pour conclure en me paluchant l'épaule 
- Good boy... What's your name ? 
- Euuh, Fabien. 
- Aaaaaah... Fabio ! 
- Non just Fabien. It's french. 
- Well look at you ! I bet it's french ! I don't know how to speak french... But I know how to kiss in french gloussa t- elle !!! 
- Well well. Nice talking to you Patty, I got to go now !

lundi 22 août 2011

Citadin de Portland

Retour à la Ville

J'ai repris durant quelque jours ma vie citadine. Ce que je suis au fond, un citadin.

J'ai terminé mercredi soir la première étape cycliste : 564 km et une dernière journée exténuante, face au vent, toujours, mais avec philosophie donc... Sans doute parce que c'était le dernier jour aussi !

Depuis, je me délecte de la vie portlandaise, en essayant de ne pas trop enfiler les baskets du touriste. Ça tombe bien, il n'y en a pas trop ici. Et Portland a à offrir quantité de petites choses du quotidien citadin. Une bonne solution est aussi de ne pas prendre son appareil photo avec soit.

J'ai donc vendredi laissé mon vélo de côté. Logé dans une auberge de jeunesse proche du centre-ville, j'ai retrouvé l'usage de mes pieds.

On m'a dit de la ville qu'elle était la plus grande des petites villes américaines, on m'a aussi dit que cette ville était un secret... La population y est jeune. Les rues sont calmes, peu de voitures, une large place laissée aux vélos, le tramway gratuit en centre ville, des dizaines de bars, pubs, resto en tout genre, une vie culturelle intense... Que demande le peuple ?

Sur les murs d'un vieux bâtiment de Burnside Avenue, l'artère qui coupe la ville en deux, est écrit en vieilles lettres industrielles d'entrepôts : "Keep Portland Weird". De l'autre côté de la rue, une queue de 25 m devant Voodoo Doughnut, LA référence locale en matière de doughnut (ces petites brioches rondes avec un trou au milieu, assez sucrées et grasses dans leur genre, un délice !). Devanture rose, briques recouvertes de paillettes, des dizaines de doughnuts multicolores au choix...


Juste derrière, tous les samedi se tient le Saturday Market sous l'un des nombreux ponts qui traversent la Willamette River. Artisans du coin, babioles en tout genres, fripes, le tout au milieu de stands de bouffe plus ou moins appétissant selon la teneur en graisse des odeurs qui en émanent... Des types qui jouent sur des xylophones, un gars qui tape sur des poubelles, un prêcheur que personne n'écoute, et le soleil, les gens...




Bouquin, musique, cinéma

En approchant de downtown, vous ne pouvez pas passer à côté de Powell Book Store, autoproclamé plus grande librairie indépendante du monde... A faire passer la Fnca pour une supérette. Des kilomètres de rayons, des salles entières réservées à chaque genre. Ils vous distribuent une carte  à l'entrée. J'y passe plus de deux heures, en mode geek, entre les bouquins de science fiction et les BD...

A quelques blocs, Jackpot record.. Une autre heure passée à écouter de la musique. Sur la route qui m'emmène vers le sud de la ville j'apprends que ce soir a lieu la dernière séance du cinéma en plein air organisée au Pioneer Courthouse Square.  Ce sera Stand By Me, un film des années 80, sur l'histoire de quatre gamins en ballade dans l'Oregon rural.

Un après midi errant...

La ville s'étend en bonne partie de l'autre côté de la Willamette River, j'y suis allé faire un tour samedi, sous la chaleur intense du soleil d'août.

Le paysage prend des allures de zones industrielles avec entrepôts reconvertis en cafés, broquantes, assez branchés, mais pour l'heure désert... Les contre-allées de Hawthorn boulevard offrent un cadre résidentiel digne des séries télés, avec chemin parcouru de grands arbres, belles maisons en bois avec pelouse, mégère et son chien qui me fait savoir que je n'ai pas être assis là contre un arbre à dessiner. Alors j'ai bougé, je m'en suis allé ...

Vers un parc urbain quelques rues plus loin. Discret dans ce cadre très propret et paisible, il accueille terrains de sport en tout genre, anniversaires en plein air, siestes à l'ombre des peupliers... Moi, je lorgne sur le terrain de basket, où un type torse nu, large short, t-shirt noué sur la tête façon gangsta, fait des paniers... Dennis a 29 ans, au chômage, après quelques galères. De mère indieno-mexicaine, et de père ecosso-afroamericain, il aime bien Portland. La vie n'y est pas chère, tranquille. On fait des paniers ensemble. On discute. Il n'a jamais voyagé. Il aimerait aller sur la terre de ses ancêtres en Écosse. Me demande s'il y a du racisme en Europe, me parle des Trailblazers, l'équipe de Basket de la ville, s'interroge sur le fait que beaucoup de gens de sa génération ont des parents divorcés ...

Il est 18h, j'ai soif, je m'arrête dans le premier bar venu, commande une bière, lit le Willamette River, un hebdomadaire gratuit sur la vie culturelle locale, assez piquant et cynique dans son genre. A 9h, au Living room theatre sur NW 10th St, ils jouent Freight Night, un film plutôt comique et prenant sur un Vampire... Le genre en général me laisse perplexe mais là je me marre bien ! Je suis assis au fond de la petite salle, dans un fauteuil de salon, j'ai une table basse devant moi. J'ai commandé une pizza au bar à l'entrée, on me l'apporte dans la salle. Deux types se sont pris une bouteille de vin et deux grands verres.

Aujourd'hui, je suis aller au jardin des roses, sur les hauteurs de la ville, qui mènent au plus grand parc urbain américain, avec ses 120 km de pistes en tout genre. J'ai dessiné des roses.

Et dire que demain, je reprends le bus pour  Astoria sur la côte. Et mon vélo aussi. Direction Seattle, samedi prochain. Pour une nouvelle bouffée d'air urbain ! Ouf, ça fait du bien !


mercredi 17 août 2011

Un autre jour, le vent soufflera pour toi

Ernest a près de 70 ans. Lui aussi fait le voyage vers le nord. A son rythme. Le premier que je rencontre. Court sur patte, le visage halé par le soleil, une courte barbe blanche, dans laquelle il se réfugie pour parler. A Seattle, il accomplira un vieux rêve, s'acheter un bateau et remonter les côtes jusque l'Alaska. Le vent ? Il s'en fiche. Ça fait parti du voyage. Parfois il l'a eu pour lui. Cette fois non. Mais une autre fois ce sera son tour à nouveau. Et puis il n'y en a pas tout le temps pas vrai ? Qu'est ce que tu fais de toutes ces forets et collines qui par endroit te protège ?

J'ai sans doute pris la contrariété trop au sérieux l'autre jour. Je voulais que ce soit équitable ! Il fallait juste que je change d'échelle temporelle. Une autre fois le vent soufflera pour moi aussi.

Fort de mes nouvelles dispositions et après une bonne journée de pause à Bandon ce dimanche et un départ plus matinal, hier, lundi, m'a vu parcourir 80km. Avec un peu de vent parfois !

Quelques photos de ma bienfaitrice journée de dimanche...







Mon activité principale de la journée ? Ramasser des petits cailloux !

samedi 13 août 2011

Against the Wind

Depuis 5 jours que j'ai commencé, je n'ai rencontré personne allant vers le nord. Par contre chaque jour je croise pas mal de cyclistes allant vers le sud. Les premiers jours je me demandais bien pourquoi. Aujourd'hui j'ai compris...

Le vent de face, ennemi numéro 1 du cycliste au long cours. C'est terrible. Pas tant dans les jambes que dans la tête... Vous savez pertinemment que la route est plate mais non vous ne dépasserez pas le 12kmh. Vous savez pertinemment que la route descend, mais non vous pédalerez pour avancer. Et vous croisez vos comparses dans le sens inverse, qui vous font des grands signes : Hi ! Vous, vous n'ouvrez pas la bouche, vous avez déjà suffisamment de moucherons collés sur les dents. Quand, pour voir, vous allez dans l'autre sens et qu'en bougeant à peine les guiboles, vous faites du 25km/h, vous vous dites que c'est carrément injuste.

Ça me rappelle que je ne supporte pas l'invective. Ca me fou la haine, ca me hérisse le poil. Le vent de face en vélo, c'est un peu comme un sale type qui vous insulterait a tout va, sans relâche, et auquel vous ne pourriez pas répondre. Ça vous met en rage. Mais il n'y a rien à faire. Juste encaisser et faire le dos rond. Et à un moment vous abandonnez. Vous vous mettez de coté, vous prenez un carré de chocolat et vous contemplez la mer.

Ce soir je suis a Port Orford. Je ne devais pas y être, je n'avais fais que 50km. Mais j'en avais assez pour aujourd'hui. Bonne idée en fin de compte. Ca m'a permis de passer la soirée avec Emmet un irlandais qui va de Seattle à San Diego. On a un peu la même approche du vélo, deéendue, contemplative, 60km par jour avec pause photos et pic-nique. Ca m'a permis de dire tout haut ce que je pensais de ce sale type qu'est le vent. Emmet, lui, l'aime plutôt bien, le vent...

jeudi 11 août 2011

Cycliste du pacifique

Je viens ce matin de passer la frontière de l'Oregon. 3 jours au compteur derrière moi, 195km. Je ne sais pas pourquoi mais ça me plait de pouvoir dire que je suis en Oregon ! C'est pas commun.


Faux départ

La logistique du départ a été un peu laborieuse. J'avais décide de ne commencer mon périple qu'a partir d'Eureka, dans le nord de la Californie, à 7h de bus de San Francisco, histoire de raccourcir un peu. Ce devait être dimanche matin. Samedi après midi,  je mets donc tant bien que mal mon vélo dans un carton - trop petit, je dois faire des trous pour les pédales, et le guidon dépasse, mais ça leur va - laissant la charge à la compagnie de le mettre dans la soute.

Après quelques minutes de trajet, une curieuse intuition m'assaillit  : ont-ils bien chargé le vélo ? Le chauffeur ne sait pas me répondre, il ne s'occupe pas de ça. J'essaie de me calmer, de me dire que tout est pour le mieux. Mais décidément, ça ne passe pas. A l'arrêt suivant, 10mn après le départ, à Oakland, je descends vérifier. Pas de vélo ! Me voila donc bagages sur les épaules à reprendre le métro pour retour à la case départ . Je me suis plaint poliment, ce qui a suffi à me faire rembourser mon billet et avoir celui du lendemain gratuit...

Bon samaritain

Le bus est bien parti le lendemain. Avec mon vélo dedans. Lors d'une pause, un type m'adresse la parole, du genre comment ça va, où tu vas... Assez costaud, le visage rond, deux petits yeux en forme de bille, la peau rougeaude, il a franchement l'air un peu rustique. Vers 21h30, nouvelle pause, je commence à m'inquiéter de trouver un motel où dormir à Eureka. Le même type croise mon regard, me dit qu'on est bientôt arrivé. Et me confirme qu'il y a plein de motels. Il en profite pour glisser que lui et son pote sont en galère, pas une tune en poche, cherche un abri, promis, ils dormiront sur le sol. Euh ? Comment dire ? Je sais pas trop... Et là, le pote déboule. L'autre lui confirme "Eh ! ce gars là veut bien nous héberger pour la nuit ! Trop sympa. Merci mec, t'es super cool !" Quand est-ce qu'il m'a demandé mon avis au fait ?


En remontant dans le bus, je n'espère qu'une chose, c'est qu'ils aient oublié... Le bus s'arrête enfin. Il y a effectivement plein de motels autour. Il est 22h30, je remonte mon vélo. Les deux types attendent patiemment que j'ai fini... Qu'aurais-je dû faire ? J'ai pensé leur dire non, en fin de compte. J'ai pensé aussi leur payer une chambre d'hôtel histoire d'être tranquille... J'ai été pris de cours... Je décide finalement de la jouer cool. "C'est quoi vos prénoms ?" Simon et Doug. Ils ont à peu près mon age. Je découvre que Simon a juste un sac plastique avec lui... Il est pécheur de crabes 6 mois par an en Alaska. Les deux ne se connaissent que depuis trois jours, où l'un a proposé un job de pécheur à l'autre. Doug est plus un baroudeur. Il m'est plus sympathique ; il a un bouquin sur la flore et la faune des forets californiennes avec lui. Et un vrai sac de voyage au moins ! Ils comptaient dormir en forêt...

Me voila donc avec deux squatteurs dans ma chambre. Heureusement,  il y a deux lit, on ne se marchera pas dessus. Ils sont plutôt détendus, mais ça m'emmerde... J'apprends plus tard que Simon a rendez vous le lendemain au tribunal... La nuit se passe bien, je suis content qu'ils s'en aillent.

C'est difficile dans ces moments là. Vous aimeriez être une espèce de devin, de professionnel de la lecture des émotions, pour savoir si vous pouvez avoir confiance ou pas. Mais non. La prochaine fois je dirai que je cherche un camping.


Baleine Perdue


Le vrai voyage pouvait enfin commencer. Le lendemain soir, je profitais de la compagnie beaucoup plus agréable de cyclistes québécois, dont une nana, grande tige toute sèche à la mèche blonde, qui faisait exactement le même parcours que moi en sens inverse. Ouf ! Je ne suis pas tout seul !


C'est lendemain que ma route a croisé celle d'une baleine. Sur un pont au dessus d'une rivière, des passants la regardaient faire des cercles. La mer n'était pas loin, elle aurait pu y retourner. Mais certains disaient qu'elle avait élevé là son petit, par hasard. Celui ci devenu grand, était reparti à l'océan. Pour quelle raison sa mère était-elle restée, on ne le savait pas bien. Était elle malade ? Peut-être se languissait-elle de son petit : l'océan trop grand, elle s'était dit que c'était le seul endroit où elle pourrait le retrouver, si un jour il lui venait l'idée de revoir là où il avait grandit. Qui sait.










Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit puisque 9h nous séparent et que vous êtes surement déjà dans vos lits.