samedi 3 septembre 2011

Peace, Love and San Juan

Vous ne ferriez pas le voyage exprès jusqu'ici, mais si vous êtes dans la région, un détour par les îles San Juan est de rigueur. Éparpillées entre le continent et l'ile de Vancouver, elles sont une respiration dans le gigantisme américain. Rien que de petits paysages aux abords du Puget Sound, ce gigantesque estuaire aux allures de fjord, ponctué par les monts de l'Olympic National Park au sud-ouest, le Mont Rainier au sud est et la chaîne des Cascades à l'est.

Sur les petits routes champêtre de San Juan mon vélo se repose de tous les efforts accomplis. Le soir au coin de la tente, le soleil s'offre en spectacle. Face à Victoria au loin, la discussion bat son plein. Al est un floridien d'une soixantaine d'année venu se délecter en vélo des îles pour une semaine. Il est venu en train de Boston ! Jerry et Juddy sont un couple de retraités de Los Angeles. Sur la petite plage de graviers nous contemplons ensemble le couché du soleil. Je leur raconte mon périple. Lui est un ancien joueur universitaire de baseball. Aucun des deux n'aime vraiment vivre à Los Angeles. Parker a  quant à lui pris l'avion de Phœnix avec son vélo, le même que le mien. Il se donne deux mois pour rejoindre la Californie.
Au village, la boulangerie sert les meilleurs cookies que j'ai jamais mangé. La serveuse, Louise, jeune fille d'à peine 20 ans, part samedi pour l'Europe, Rome, Paris, le chemin de Compostelle. Elle se donne deux mois et demis. Quand je le lui laisse mon e-mail pour qu'elle me contacte sur Paris, elle n'en revient pas, ses yeux pétillent. Mais je sais désormais le plaisir de pouvoir être aidé en voyage.

Buck approche les 70 ans. Il répare les vélos à Friday Harbor. Il y a bien longtemps, il a fait un bout de la France en vélo, l'Alsace, la Loire, la Normandie, puis la Belgique, l'Allemagne. Je pense avoir réussit à percevoir les nuances de culture me confit-il, son regard bleu et ridé dans le vague.

Chaque île semble avoir sa boutique bio. J'ai même trouvé du saucisson bio ! Et pas des plus mauvais ! A Lopez, une version encore plus relax que l'ile principale, un type a planté des vignes et fait son propre vin. Au café de chez Isabel, au village, un panneau indique : "No shoes, no shirt, no skirt. No problem". Vous pouvez achetez du chocolat dont 30% du prix va à la sauvegarde des animaux protégés du coin. Le thé vient de l'île d'à coté. Le poste de musique murmure de la guitare oud marocaine. J'y retrouve le gardien du camping, Charlie, la trentaine, un béret, une barbe noire de trappeur de 25 cm de long.

Il y a 20 ans, les îles sont devenues la proie des millionnaires informatiques du continent. Le co fondateur de Mircosoft y a acheté toute une péninsule, avec barrières, gardes et cameras. Personne ne peut le blairer. Les gens riches s'ennuient et sont ennuyeux. Résultat, un acre (0,4 ha) valait 600 dollars en 1990, il en vaut aujourd'hui 100 000... Il est bien difficile de trouver des accès publics au rivage, et chaque sentier dont vous pensez qu'il vous mènera à la mer vous arrête par un "Private property. No Tresspassing". Mais Charlie est bien d'accord. "It sucks"

Quant à moi, je reprends le ferry demain matin à 6h55 pour Victoria. Et j'ai trouvé grâce à Al de quoi rendre la fin du voyage excitante : Je vais repartir sur New York en train, via Chicago. Avec un petit Seattle-Chicago en 45 heures puis un Chicago-New York en 20 heures. Ça doit être étonnant, 45 heures dans un train !

3 commentaires:

  1. Ca donne vraiment envie de les rencontrer tous ces gens.
    Et à bas les riches!

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  2. Love ? avec qui ? San Juan ?!!!!! LN et Steph m'avaient déjà avertie que tu reviendrais avec Kimberley mais San Juan !! Je croyais que t'aimais pas les auréoles ? Ok, j'déconne...

    Visiblement, à part les riches, il n'y a que des cyclistes sur cette îles ?

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