dimanche 18 septembre 2011

Un train pour l'Atlantique

J'ai vu le Montana

Sur la plaine herbeuse et jaunie à l'infini du Montana, le train numéro 8 pour Chicago trimballe sa lourde carcasse branlante.


A l'intérieur, le wagon bar accueille le troisième âge joueur de carte, rouge à lèvre et brushing impeccable pour ces dames, bretelles et casquettes pour ces messieurs. Le parcours qui mène au wagon restaurant, via mon siège, est semé d'embûches. L'estomac de la bête ferroviaire est parcouru de ballonnements soudain qui vous projettent contre sa paroi. La tête renversée, les pieds retournés, une couverture par dessus, quelques passagers tentent d'ignorer les remontées gastriques de l'animal.. D'autres en bravent les aigreurs, se ravitaillent en vivres, regardent comment c'est dehors.


Sur les bas cotés, quelques artefacts viennent parfois saluer le convoi, un arbre ébouriffé, une maison isolée, quelques meules de foins. Des rubans d'asphalte craquelés par le soleil viennent en lécher la voie, des rivières terreuses en chatouiller le cour. Un silo, des vaches puis rien. Des marais aux abords griffés de sel, des poteaux télégraphiques au loin, puis rien. Au cœur des grandes plaines, le train numéro 8 trace sa route



Le wagon bar s'ouvre sur les cotés et au dessus. Une goutte de thé a jaillit sur ma table. Le conducteur annonce Wolfpoint, Montana. Wolfpoint, 10 minutes d'arrêt ! Mais pas un loup sur la plaine ou le pachyderme métallique et ses occupants s'accordent une bouffée d'air.


Plus que 24 heures. Suivront le Dakota du nord, le Minnesota, le Wisconsin et enfin l'Illinois




Un week end à Chicago

Je suis arrivé vendredi soir exténué. J'avais dormi deux heures la nuit d'avant. Les sièges sont plus confortables que ceux des TGV (plus de place) et j'avais même réussi à occuper durablement le siège a coté de moi. Mais à deux heures du matin dans la nuit de jeudi soir, alors que je venais de passer 4 heures à me plier en quatre pour trouver ma position, j'étais délogé de mon deuxième siège par un arrivage massif de passagers, sortis de nulle part. Manque de pot, je me retrouvais avec le plus gros du lot, bien 150 kilos au réveil... Je crois qu'il a compris qu'il me dérangeait...

Si je devais trouver une autre ville où habiter après Portland, ce serait certainement Chicago. J'ai passé un long moment au Art Institute of Chicago à déambuler entre les Van Gogh, Monet, Matisse, Picasso, la peinture américaine du XXeme, une collection incroyable d'estampes japonaise... Bref tout y passe ! Ça m'a bien pris trois heures.

Millenium Park à la sortie du musée est pas mal dans son genre, tout un tas d'aménagements inventifs, de la nature sauvage au milieu des grattes ciel. De ce point de vue, Chicago n'a d'ailleurs rien à envier à New York.

J'ai terminé la journée par un concert excentré, à l'occasion du festival de musique du monde de la ville, information glanée au hasard le matin même. Je me retrouvais donc au Old Town School of Folk Music, au 4544 Lincoln Avenue, à faire un voyage musical vers l'Afrique, en compagnie de Ballaké Sissoko à la kora et de Vincent Segal, un français, au violoncelle africanisant.

A minuit je reprenais le métro, downtown Chicago en ligne de mire, des mélodies lointaines dans les oreilles, des couleurs plein la tête.

Juste de quoi rêvasser pour le trajet qui ce soir s'annonce sur les coups de 21h30. 20 heures de voyage, un autre combat stratégique pour l'occupation de mon deuxième siège en perspective.

3 commentaires:

  1. Petit conseil pratique pour le deuxième fauteuil : tu place des punaises sur le siège. C'est imparable !

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  2. Mouais... Quitte a passer 20h a cote d'un type autant que ca se passe bien ! Non, le truc c'est d'occuper sauvagement le terrain, et de montrer qu'on est y chez soit. Chaussettes de trois jours a l'air, sac de couchage defait, un gateau a moitie mange sur la tablette et bien sur s'etaller tout du long. Et surtout, surtout ! Ne jamais croiser le regard de l'arrivant ! Jamais ! Toujours avoir un bookin a la main ou alors fermer les yeux. Mais bon quand il n'y a plus de place, eh bien il faut ceder sa place ! Mais tu aura lutter vaillaiment jusqu'au bout. Chicago-New York ca m'a quand meme l'air un peu frequente...

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  3. que d'aventures !!!de quoi écrire un roman!!!! pourvu que le Chicago New York soit interdit aux poids lourds!!!! Qu'y a -t-il de pire entre braver le vent a contre sens en solitaire sur son vélo ou braver les masses ronflantes et envahissantes???? question qui mérite réflexion!!!!!non?
    en tout cas chicago c'était sur que ça t'emballerait . profite bien de ton aventure jusqu'au bout

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