jeudi 11 août 2011

Cycliste du pacifique

Je viens ce matin de passer la frontière de l'Oregon. 3 jours au compteur derrière moi, 195km. Je ne sais pas pourquoi mais ça me plait de pouvoir dire que je suis en Oregon ! C'est pas commun.


Faux départ

La logistique du départ a été un peu laborieuse. J'avais décide de ne commencer mon périple qu'a partir d'Eureka, dans le nord de la Californie, à 7h de bus de San Francisco, histoire de raccourcir un peu. Ce devait être dimanche matin. Samedi après midi,  je mets donc tant bien que mal mon vélo dans un carton - trop petit, je dois faire des trous pour les pédales, et le guidon dépasse, mais ça leur va - laissant la charge à la compagnie de le mettre dans la soute.

Après quelques minutes de trajet, une curieuse intuition m'assaillit  : ont-ils bien chargé le vélo ? Le chauffeur ne sait pas me répondre, il ne s'occupe pas de ça. J'essaie de me calmer, de me dire que tout est pour le mieux. Mais décidément, ça ne passe pas. A l'arrêt suivant, 10mn après le départ, à Oakland, je descends vérifier. Pas de vélo ! Me voila donc bagages sur les épaules à reprendre le métro pour retour à la case départ . Je me suis plaint poliment, ce qui a suffi à me faire rembourser mon billet et avoir celui du lendemain gratuit...

Bon samaritain

Le bus est bien parti le lendemain. Avec mon vélo dedans. Lors d'une pause, un type m'adresse la parole, du genre comment ça va, où tu vas... Assez costaud, le visage rond, deux petits yeux en forme de bille, la peau rougeaude, il a franchement l'air un peu rustique. Vers 21h30, nouvelle pause, je commence à m'inquiéter de trouver un motel où dormir à Eureka. Le même type croise mon regard, me dit qu'on est bientôt arrivé. Et me confirme qu'il y a plein de motels. Il en profite pour glisser que lui et son pote sont en galère, pas une tune en poche, cherche un abri, promis, ils dormiront sur le sol. Euh ? Comment dire ? Je sais pas trop... Et là, le pote déboule. L'autre lui confirme "Eh ! ce gars là veut bien nous héberger pour la nuit ! Trop sympa. Merci mec, t'es super cool !" Quand est-ce qu'il m'a demandé mon avis au fait ?


En remontant dans le bus, je n'espère qu'une chose, c'est qu'ils aient oublié... Le bus s'arrête enfin. Il y a effectivement plein de motels autour. Il est 22h30, je remonte mon vélo. Les deux types attendent patiemment que j'ai fini... Qu'aurais-je dû faire ? J'ai pensé leur dire non, en fin de compte. J'ai pensé aussi leur payer une chambre d'hôtel histoire d'être tranquille... J'ai été pris de cours... Je décide finalement de la jouer cool. "C'est quoi vos prénoms ?" Simon et Doug. Ils ont à peu près mon age. Je découvre que Simon a juste un sac plastique avec lui... Il est pécheur de crabes 6 mois par an en Alaska. Les deux ne se connaissent que depuis trois jours, où l'un a proposé un job de pécheur à l'autre. Doug est plus un baroudeur. Il m'est plus sympathique ; il a un bouquin sur la flore et la faune des forets californiennes avec lui. Et un vrai sac de voyage au moins ! Ils comptaient dormir en forêt...

Me voila donc avec deux squatteurs dans ma chambre. Heureusement,  il y a deux lit, on ne se marchera pas dessus. Ils sont plutôt détendus, mais ça m'emmerde... J'apprends plus tard que Simon a rendez vous le lendemain au tribunal... La nuit se passe bien, je suis content qu'ils s'en aillent.

C'est difficile dans ces moments là. Vous aimeriez être une espèce de devin, de professionnel de la lecture des émotions, pour savoir si vous pouvez avoir confiance ou pas. Mais non. La prochaine fois je dirai que je cherche un camping.


Baleine Perdue


Le vrai voyage pouvait enfin commencer. Le lendemain soir, je profitais de la compagnie beaucoup plus agréable de cyclistes québécois, dont une nana, grande tige toute sèche à la mèche blonde, qui faisait exactement le même parcours que moi en sens inverse. Ouf ! Je ne suis pas tout seul !


C'est lendemain que ma route a croisé celle d'une baleine. Sur un pont au dessus d'une rivière, des passants la regardaient faire des cercles. La mer n'était pas loin, elle aurait pu y retourner. Mais certains disaient qu'elle avait élevé là son petit, par hasard. Celui ci devenu grand, était reparti à l'océan. Pour quelle raison sa mère était-elle restée, on ne le savait pas bien. Était elle malade ? Peut-être se languissait-elle de son petit : l'océan trop grand, elle s'était dit que c'était le seul endroit où elle pourrait le retrouver, si un jour il lui venait l'idée de revoir là où il avait grandit. Qui sait.










Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit puisque 9h nous séparent et que vous êtes surement déjà dans vos lits.

4 commentaires:

  1. Comment il a trop la classe ton vélo !!! je me demande bien avec qui tu l'as acheté.
    Et non, raté, pas au lit ! Tu crois pas que je vais me coucher sans avoir de nouvelles ? non, mais !

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  2. Et comment vont les jambes? Tu prends ta dose d'EPO tous les jours?

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  3. Eh, mais ? Il est à qui se sûr-selle de compète ? J'en avais encore jamais vu un aussi beau !

    @Marc : EPO : Euphorie Pour Oublier ?

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  4. EPO, c'est de la drogue ! Non, je ne bois que de l'eau... Les jambes sont un peu dure, les fesses aussi malgre la sele de compet ! Mais pour le reste ca va ! 250 km parcouru et un imvite surprise de taille : le vent

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